Niveau 4 m’a tué – Check

Niveau 4 m’a tué

2 juillet 2018

Thomas Haulotte

« J’arrive dans le game, toujours en avance, j’arrive dans le game je nique ta confiance. Désolé tu n’as pas de chance ». On vous raconte le concert de Niveau 4 à Couleur Café, le plateau multi-artistes le plus énervé du royaume.

Heure du décès : 0 h 25. Après 1 h 10 de show, Jay Mng met définitivement le feu et le public fou décide, comme à son habitude, de s’entretuer dans un pogo des plus sauvages. Le reste de l’équipe Niveau 4 le rejoint sur scène et s’occupe d’attiser les braises.

La nouvelle génération a réussi son défi. Elle ne s’est pas contentée de brillamment reprendre le flambeau des éditions précédentes, elle a réussi à apporter une vibe unique et à se trouver une personnalité, un caractère. L’alchimie s’est formée, la magie a opéré le temps d’un soir. L’incendie est déclaré.

Pour la 3e année, le festival Couleur Café rassemblait les meilleurs artistes urbains de Belgique. Je n’y ai pas survécu. Niveau 4, vous êtes coupable de meurtre avec volonté de tuer. Voici le récit des faits.

3 jours avant le crime

Une invitation lors du dernier jour des répétitions me permet de faire connaissance avec le groupe. Je le sens soudé et confiant après avoir passé 3 jours enfermés à répéter. Pourtant, ce n’était pas forcément gagné d’avance.

« On ne se connaissait pas trop, il y a beaucoup de personnalités différentes, mais ça a vraiment cliqué », m’explique Blu Samu.

« On est très différent des anciennes éditions. C’est très éclectique et il y a une vibe Soul qui se dégage. Il y en a pour tous les goûts » enchaîne Nixon.

Gilles Vanesse, coorganisateur de Niveau 4, est du même avis : « Cette année le mix est assez improbable et on est très content de voir que l’ambiance est si bonne au bout des 3 jours. Le show est solide, on est confiant.  »

Avant d’aller plus loin, commençons par une rapide description des accusés.

Brihang : L’OVNI. Une présence scénique originale, un sourire jusqu’aux oreilles et une manière de penser la musique différemment.

Nixon : Trappeur bling-bling, de l’énergie à revendre. Mettre le feu, ça le connaît. Il tombera sans doute pour récidive.

JayMng : Discret hors de la scène, il se transforme dès qu’on lui tend un micro. The next big thing côté néerlandophone.

Blu Samu : Pas présente ce soir-là, elle n’en reste pas moins une des leaders. Son projet Moka sorti ce vendredi risque de faire beaucoup de victimes.

Soul’Art : Experts pour mettre l’ambiance, tant dans la vie de groupe que sur la scène. Une vibe qui te donne envie de faire la paix avec tes pires ennemis. Ils se retrouvent pourtant aujourd’hui du mauvais côté.

Moka Boka : Tout en finesse, il manie le micro comme une arme. « Ma limite, c’est le monde ». Sous ses airs gentils se cache un dangereux personnage.

Junior Goodfellaz & DJ Vega : Dans l’ombre, ils ont instrumentalisé toute l’opération. Tel Splinter dans Tortues Ninjas. Les seuls déjà présents lors des éditions précédentes.

30 minutes avant les faits

Il y a comme un parfum de soirée d’été. Une ambiance douce, de la bonne musique, des gens qui rient. La nuit prend doucement sa place, les boules de l’Atomium s’allument. Il fait chaud, tout le monde est en t-shirt malgré la lune qui s’annonce. Cette édition de Couleur Café est une réussite et je n’ai encore aucune idée que je vis mes derniers instants.

Peu à peu, le public commence à s’amasser devant le Blue Stage, prêt à en découdre. Les premières clameurs retentissent alors que Junior Goodfellaz et DJ Vega arrivent derrière les platines.

Je rentre dans le frontstage, appareil photo à la main. Derrière moi, une belle foule se forme. La tension monte quelque peu. On veut du spectacle. Let it begin. Une courte introduction de notre ami Zwangere Guy pour ouvrir le show et c’est parti.

Pendant les faits

Brihang démarre directement très fort et je sens que ça va être compliqué pour moi. Il s’applique avec une aisance qui lui est propre. Pas de round d’observation, on rentre directement dans le vif du sujet. C’est ensuite au tour de Nixon, puis de Moka, et ainsi de suite. Les tueurs connaissent leur partition, ce n’est une première scène pour personne.

Au moment où Soul’Art arrive sur scène avec leur titre phare, Django, on voit les premières braises sur scène mais aussi dans le frontstage avec le steward qui m’accoste un peu agressivement « Mais t’as pas le pass photographe toi ! On avait dit les 3 premières chansons !  » — après négociation j’ai pu continuer en me faisant tout petit (cher steward, si tu lis cet article, merci). Bref.

Les minutes passent, la chaleur continue de monter. Je pourrais revenir sur la performance de chacun, mais l’important ce soir, c’est le collectif. Et il est rôdé. Si rôdé que quand Jay envoie sa dernière carte, il est évident que c’est la fin pour moi. C’est alors que tout se calme… Serait-ce fini ? Peut-être un dernier espoir.

Mais Nixon en décidera autrement. Il revient sur scène avec un fumigène à la main pour un dernier morceau qui sonne comme le coup de grâce. La scène est en feu, l’ensemble de la fosse aussi. Les victimes sont nombreuses.

Nous avons devant nous une jeune génération de criminels au talent indiscutable. Il va sans dire qu’ils représentent un danger pour notre société, il est donc primordial de les suivre de très près.

Ci-dessous, les portraits-robots des suspects. Leur tête est mise à prix, toutes informations jugées utiles seront récompensées.

Mesdames et Messieurs, nous avons eu affaire à un crime parfait.

À l’année prochaine.