Les 14 meilleures covers de rap de l’histoire – Check

Les 14 meilleures covers de rap de l’histoire

20 juin 2018

Vincent Schmitz

On a demandé aux concepteurs des meilleures pochettes d’album rap de l’année quelles étaient leurs covers préférées « all time ». Avec en bonus les pochettes hors rap.

 

Top Romain Garcin

(Concepteur de la cover de « Lithopédion », de Damso)

  • 113, “Les princes de la ville”: Je commence par du gros classique. On avait donné comme directive au mec qui a fait la pochette: “on ne veut pas nos têtes sur la pochette et on veut que ça représente au mieux notre quartier.” Il s’est inspiré d’une technique qui existait déjà mais il a shooté plein de détails de leur quartier à Vitry… et il expliquait que même Rim-K avait flashé. Graphiquement et intentionnellement, cette pochette est hyper réussie et en plus, elle est devenue culte. Et puis, il y a DJ Mehdi sur cet album donc bon…
  • Ideal J, “Le combat continue”: C’est pas la plus graphique… quoique. C’est plus dans la symbolique politique mais même graphiquement, elle aurait été incroyable si elle était sortie dans nos années streaming. Parce que la seule chose que je reproche à cette pochette, c’est la typo qui est hyper datée et de mauvais goût. Si c’était sorti maintenant, on n’aurait pas mis le titre parce qu’on n’a plus besoin de ça, mais juste ce visuel. D’un point de vue contexte politique, c’est hyper fort d’avoir une main noire qui tient le drapeau français. Tu peux y apporter un nombre de significations dingue.
  • Kendrick Lamar, “How to Pimp a Butterfly”: Toujours dans le même esprit politique. C’est “Le combat continue” version States. J’ai hésité avec celle de Jay-Z et Beyoncé parce que c’est la même symbolique: la “rue” qui s’empare des symboles blancs occidentaux. Là en plus, t’as Compton qui voyage à Washington pour saccager un juge devant la Maison Blanche. Et graphiquement, cette pochette a relancé la mode du noir et blanc dans les covers du rap. Tu peux la mettre à égalité avec “Everything is Love” de Beyoncé et Jay-Z: c’est la rue afro-américaine qui s’installe dans les symboles de la culture blanche. Surtout que Mona Lisa est floutée derrière, c’est hyper culotté et c’est réussi.
  • Kanye West, “My Beautiful Dark Twisted Fantasy”: Je pense que c’est la pochette qui a le plus signifié la volonté de Kanye West de rentrer dans le monde artistique au sens noble, où il a augmenté ses ambitions. Et puis dans la symbolique, le fait qu’il se représente par un démon, chevauché  par un autre démon, qui peut représenter sa muse… Et avec le digipack ou le vinyl, t’avais une série de cinq cartes et tu pouvais choisir la pochette que tu voulais avoir. La tracklist arrière, illisible mais incroyable, c’est magnifique.
  • Geto Boys,  “We Can’t be Stopped”: Dingue. Il vient de se prendre une balle dans l’oeil, il est au téléphone, on le prend en photo. Un rappeur nain sur un brancard poussé par ses potes… cette pochette est ouf. Surtout qu’elle a failli être refusée par la maison de disques. C’était l’époque ghetto trash, concurrence à NWA, et eux, ils ont remporté la palme. Elle m’a toujours dérangé et en même temps elle est fun. Par contre, graphiquement, elle est horrible.
  • Bonus toutes catégories: Michael Jackson, “Dangerous”: Pas original mais obligé. Pour moi, c’est la bible de la pochette. Une peinture de Mark Ryden, que je n’aime pas trop en temps normal. Si tu veux faire une analyse psychologique de ce qui se passe dans le crâne de Michael Jackson à cette période là de sa carrière, quand il quitte sa grande période de succès et qu’il allait rentrer dans sa période la plus noire, elle est hyper complète. Symboliquement, tu peux en parler pendant des heures. Il y a des théories autour, aussi folles que probables. Et on ne peut pas faire plus culte que cette pochette.

Top Guillaume Kayacan:

(Concepteur de la cover de « Double Hélice 3 » de Caballero & JeanJass)

  • Lauryn Hill, “The Miseducation of Lauryn Hill”:  La pochette est vraiment fun, c’est super intéressant parce que c’est son portrait et son nom gravés sur un banc d’école en bois, vernis, ensuite seulement pris en photo. Et bon, l’album est sorti il y a 20 ans et tu l’écoutes encore maintenant, c’est un putain de classique.
  • Eminem, “Marshall Matters LP”: Un album tout aussi mythique. Il y avait deux versions différentes de la cover, je ne sais pas laquelle je préfère…assis sur le perron de sa maison où il est revenu pour le LP2 , c’est super intéressant. Mais si c’est vraiment pour le visuel , je pense que je préfère la cover alternative, où tu le vois recroquevillé dans une couverture.
  • JME, “Integrity”: J’adore l’artiste en question et il y a de fortes chances pour que ce soit simplement un selfie fait avec un iphone. JME, c’est le petit frère de Skepta. Quand cette pochette est sortie, c’était ouf. Il avait même fait des t-shirts avec toute sa pochette dessus… bon ça, ça passe ou ça casse.
  • Childish Gambino, “Awaken, My Love!”: Ce qui est super fort avec cette cover, c’est que pendant un des derniers épisodes de la saison 1 de “Atlanta”, tu apercevais une impression de cette pochette en arrière-plan, dans une bibliothèque. Tu ne savais pas ce que c’était et puis bam ils sortent le truc. Et puis, je la trouve visuellement très forte.
  • Outkast, “Stankonia”: J’aime bien les pochettes d’Outkast, surtout celle-ci. Quand j’ai commencé la photo, je matais énormément d’images de cette période-là, t’avais pas mal de photographes comme David Lachapelle qui faisait une surenchère de couleurs, de surbrillance… et ça se voyait aussi dans les clips.
  • Bonus toutes catégories: Marilyn Manson, “Mechanical Animals”:  Incroyable cover. Et ça aussi, ça a quasiment 20 ans. Cette pochette est folle, le concept de l’album est fou. Il jouait deux facettes, il y avait une moitié par lui et une moitié comme si c’était joué par un faux groupe inventé pour l’album. Pour moi, visuellement, c’est au sommet.

Top O’nonto Zaman:

(Concepteur des covers de « La vie augmente Vol I & II », d’Isha)

  • RUN DMC, “My Adidas”: Que veux-tu dire là-dessus? C’est presque une des meilleures pochettes tout court parce qu’elle est beaucoup trop efficace. Le bloc lettres, les deux bandes rouges, basta. Le message est clair, c’est propre, c’est joli. Ça m’a beaucoup choqué, j’étais très jeune quand je l’ai vue.
  • Kanye West, “Yeezus”: L’étiquette rouge, simplicité. Pour moi, au plus simple c’est, au mieux. Le fait de ne pas mettre de pochette, je trouve ça génial. J’aime souvent les covers pour leurs idées, presque plus que pour leur rendu.
  • Childish Gambino, “Awaken, My Love!”: Je l’ai beaucoup écouté. Là par contre, c’est le rendu de la photo que je trouve magnifique. Si je ne me trompe pas, le masque, c’est par une artiste qui fait des créations entre stylisme et bijoux, d’inspiration tribale africaine. Lui, c’est pour ça qu’il a voulu le mettre en avant mais c’est surtout pour l’impression qu’elle me donne. Je trouve qu’il y a un truc deep vraiment super réussi.
  • Gang Starr, “Daily Operation”: Ça m’a beaucoup marqué. Je suis tombé dessus et je la trouve encore réussie. Le logo est splendide et il y a plein de détails qui, de mon œil de débutant dans la culture rap, m’ont vraiment marqué. Il y a un travail de set, de penser les objets, la disposition… j’aime beaucoup le travail là-dessus. La pochette de Doc Gynéco, c’est la même chose dans un autre genre.
  • Beyoncé & Jay-Z, “Everything is Love”: L’appropriation du symbole ultime esthétique de la culture occidentale par la culture noire américaine de la rue.. Exactement comme le fait la culture pop blanche depuis 20 ans. C’est ultra chaud je trouve!
  • Bonus toutes catégories: One Two, “Enfin du rap”: Mon premier EP. C’est ma première direction artistique et ça va paraître arrogant mais je la trouve super réussie. Et c’est Romain Garcin qui a fait la photo, d’ailleurs.